Bordeaux Aquitaine Marine
L’invention du loch
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extrait de : Marguet, F. - Histoire générale de la navigation - SEGMC, Paris, 1931
Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle la presque totalité des grands voyages se fit avec les seuls
procédés de l'estime, dont les résultats étaient partiellement rectifiés par l'observation de !a
latitude.
Pour faire le point estimé il fallait déterminer, ses éléments, c'est-à-dire la vitesse du navire et
la direction de la route; puis trouver le moyen de les utiliser pour conclure le point, autrement
dit résoudre le problème loxodromique. Or, dans ces trois parties, le progrès a été très lent.
Voyons d'abord la vitesse. On peut dire que pendant tout le XVIe siècle elle a été appréciée
simplement à vue; sans le secours d'aucun instrument de mesure; même pas du loch devenu
plus tard si courant.
La description de ce dernier apparaît pour la première fois en Angleterre dans un livre de
Villiam Bourne intitulé A regi-ment for the sea, publié en 1577, et il faut aller en 1607 pour en
trouver une nouvelle mention dans un Voyage aux Indes Orientales publié par Purchas. Puis
après 1620 environ, ou le trouve dans tous les traités de navigation par exemple chez Gunter
on 1623, Snellius en 1624, Métius en 1631, etc., Fournier en 1643. Ce dernier dit alors, le
décrivant: « Depuis quelques années les Anglais attachent à une ligne nouée une petite
palette de chêne d'environ un pied (30 cm.) sur cinq ou six pouces de large (12 à 15 cm.),
chargée sur l'arrière d'une petite bande de plomb, avec aux côtés deux petits tuyaux de bois
pour la soutenir mieux ». Cependant la machine ne s'imposait pas puisque, entre autres, vers
1633 on n'en connaissait pas l'usage dans la marine espagnole où Porter, qui en parla à cette
époque, mettait en doute son importance et puisqu'en 1673 encore il ne figure pas dans le
"Arte de Navegar" publié à cette date à La Havane par Don Lazaro de Flores.
Porter lui préférait la connaissance pratique que chaque pilote doit avoir de la marche de son
navire dans les diverses circonstances où il se trouve. Et on rencontre des idées analogues en
1637 dans le Seaman's Practice de Norwood et plus tard chez le P. Fournier, qui les rapportent
il est vrai pour les combattre, mais précisément parce qu'elles étaient courantes. On s'y tenait
cependant encore beaucoup plus tard comme en témoigne ce passage extrait de l'Abrégé de
Pilotage de Coubard et Lemonnier, édité en 1766 : « On fait ordinairement l'estime, y est-il dit,
à voir passer l'eau le long du bord du vaisseau, ayant égard à la bonté du vaisseau, à la force du
vent, à la manière dont il enfle les voiles, si l'on va au plus près ou non, à la dérive, qui pourrait
faire juger que l'eau va plus vite qu'elle ne fait effectivement, à la marée et aux courants, si le
vaisseau est lesté, nouvellement suifé, etc... ». D'autres machines que le loch d’ailleurs étaient
décrites.
Divers ouvrages parlent de la roue, déjà connue de Vitruve, que l'on trempait dans l'eau le
long du navire et dont on comptait le nombre de tours au moyen d'engrenages qui faisaient
tomber de temps en temps un caillou dans un bassin. Barthelemi Crescentius, vers 1607, avait
aussi proposé une singulière machine faite d'une sorte de roue d'anémomètre formée de deux
planchettes de bois rectangulaires, qui enroulait autour de son axe, en tournant sous
l'impulsion du vent relatif, une longue ficelle dont la longueur enroulée devait permettre le
calcul de la distance parcourue.
Norwood enfin indique un dernier procédé, perfectionné et repris de nos jours en Angleterre
ainsi que l'atteste le dernier Manuel de Navigation de l'Amirauté de ce pays. Il consistait à
mesurer la vitesse en faisant deux marques sur le bâtiment et en comptant le temps qu'une
certaine masse d'eau mettait à aller de l'une à l'autre. Norwood fait d'ailleurs remarquer les
imperfections de la méthode dues à l'entraînement de l'eau le long du bord, entraînement
qu'il appelle le phénomène de l'eau morte, et à la difficulté d'appréciation très exacte du
temps.
loch et journal de loch
loch de Walker & Son
loch ancien