Bordeaux Aquitaine Marine
Les canons anciens
par Alain Clouet
La bouche à feu
Bouche à feu du 18e siècle (DR)
“Terme générique, par lequel on entend toute arme du ressort de l'artillerie, telle
que canon, obusier, caronade, susceptible d'être montée sur un affût, et qui sert à
l'attaque ou à la défense à bord des bâtiments, sur les forts, dans les descentes,
etc. On dit assez indifféremment Bouche à feu ou Pièce d'artillerie, ou, simplement
même, Pièce ; mais le mot Pièce s'emploie dans un sens moins général que Bouche
à
feu. Ainsi, en parlant de l'artillerie dont un bâtiment est armé, on dit qu'il porte N
Bouches à feu. Le mot pièce est spécialement employé dans les locutions de
l'exercice de l'artillerie ; exemples : Chef de pièce. - Mettre les pièces en batterie.
Les perriers et les espingoles sont quelquefois rangés parmi les Bouches à feu,
quoiqu'ils paraissent ne pas y devoir être classés” (Bonnefoux).
Les différents canons avant le 16e siècle
Les canons de cette époque sont en fer forgé. Ils ont fabriqués avec des plaques de fer légèrement arrondies maintenues ensemble par des cercles
extérieurs. Le chargement s'effectue par la culasse, la chambre étant amovible. Les affûts sont à deux roues, ou sans roues, le canon reposant dans
un berceau de bois qui l'enserre. On commence à voir apparaître des canons en bronze au 15e siècle.
Bombarde
Bombarde abandonnée par l'armée de Thomas de Scales, le 17 juin 1434 (Abbaye du Mont-Saint-
Michel)
En 1324 : apparition de la bombarde, première bouche à feu "Les premières bombardes sont formées à
la manière d'un tonneau, par des barres d'acier brasées entre elles et maintenues extérieurement par
des cercles d'acier leur assurant une certaine étanchéité. A l'origine, elles lançaient à grand bruit des
blocs de pierres, de pierrailles, sans beaucoup plus de danger pour l'ennemi que pour l'artilleur lui-
même. On les connaît alors sous la désignation de pierriers".
Pierrier ou Perrier (swivel gun)
pierrier du 18e siècle (Musée de l’île Oléron - DR)
Ce canon existait déjà au 14e siècle sous le nom de perrier. « Petit canon en bronze, et d'une
livre de balle pour calibre. Il est, ordinairement, monté sur un chandelier surmonté d'une
sorte de fourchette en fer, qu'on introduit dans les montants de la dunette, des gaillards, des
hunes ou des embarcations ; l'armement d'un Perrier se compose d'un chef de pièce et d'un
chargeur. Les munitions de ces pièces pour les hunes et les embarcations sont placées dans des barils à bourse ou dans des caisses » (Bonnefoux*).
Bonnefoux différencie le perrier et le pierrier, ce dernier étant uniquement une arme de siège. Dans la pratique, il semble que les deux mots soient
synonymes.
Veuglaire
veuglaire
Canon du 15e plus long que la bombarde et à chargement par la culasse. (Littré)
Les canons à partir du 16e siècle
Outre le canon classique dont nous présentons une vue ci-dessus (canon du 18e siècle), on voit apparaître
quelques variantes décrites ci-après
Berche
La berche était au 16e siècle un petit canon de marine en fonte verte. En voici quelques définitions de l’époque : "Berche, c'est une espèce de piece
d'artillerie, dont les anciens usoient pour la deffence des chasteaulx et forteresses, mais ayant succedé meilleures pieces pour cest effect, les seuls
vaisseaulx de mer les ont retenues, et les portent sur le chasteau devant, ou sur le gaillart, les Espagnols les appellent Berços, et ne s'en servent plus
communement, si n'est pour saluer les navires et rendre les saluts. Ces pieces sont plus petites que faulconneaulx, et tirent de balle de plomb.
Bercherie: C'est la quantité et compaignie de berches estans dans un navire, comme qui diroit la harquebouserie, ou la hallebarderie, pour la
quantité et amas de hallebardes et harquebuses y estans, de laquelle bercherie le lieu propre à la loger en ung navire, est le chasteau devant et le
Gaillart." (Dupuys, 1573)
- "Berches, sont petites pieces de canon de fonte verte, nommées communément espoirs de fonte. Il y a aussi des berches de fer coulé, que
l'ordonnance nomme Barces" (Fournier,1694).
“Petit canon en fonte verte, autrefois en usage dans la marine" (Bonnefoux, 1848).
“Plus petite que fauconneaux, et tirent des balles de plomb” (Nicot,1606).
Fauconneau (variantes : faulcon, faulconneau)
Petit canon léger des 16e et 17e siècle de 2 pouces de diamètre avec un boulet de 13 ou 14 onces
Espingole
Arme à feu portative de petit calibre que l’on tire soit comme un mousquet placée sur une sorte de béquille,
soit plus généralement posée sur le montant des hunes ou le plat-bord d’une embarcation.
espingole
Serpentin
Bouche à feu citée par Antoine de Conflans*, mais dont on ne connaît aucune description.
Bastarde ou couleuvrine bastarde
Elle portait un boulet de 7 livres 4 onces (cité par Conflans)
Couleuvrine
Pièce d’artillerie plus longue que le canon de l’époque, portait un boulet de 15 livres 4 onces
Mortier (seamortar)
Sorte de canon plus court qu’une caronade placé sur un crapaud, ayant un tir parabolique. Il lance des bombes
devant exploser. Un Mortier chargé de 5kg,38 de poudre, pointé sous un angle de 45°, chasse une bombe à 3,118
mètres.
mortier américain de 1861
Canons du 19e siècle
Caronade (carronade)
La caronade est un canon court mis au point en 1778 par la société écossaise Carron, dont la caractéristique principale est d’avoir un poids moitié
d’un canon long classique. Elle tire des boulets pleins, des boulets creux et des mitrailles. En outre la brague est fixe, éliminant ainsi le recul. « Le
principal avantage de la Caronade sur les canons, est de laisser plus d'espace libre dans les batteries, d'être d'une manœuvre plus facile, de
permettre de tirer plus de coups dans un temps donné, et d'employer beaucoup moins d'hommes pour son service : de leur côté, les canons portent
généralement plus loin, leur pointage est plus sûr, ils sont d'un danger moindre pour l'incendie à bord » (Bonnefoux*).
Voici les caractéristiques des caronades anglaises du 19e siècle:
poids poids Long. Diam. Charge portée (yds) à l’élevation de
boulet (cwt) Bore lb oz 1deg 2deg 3deg 5deg
-------------------------------------------------------------------------------------------
42lb 22 4' 6" 6.84" 3 8 430 700 900 1200
32 17 4' 6.25" 2 8 380 600 800 1170
24 13 3' 9" 5.68" 2 0 360 580 770 1120
18 10 3' 4" 5.16" 1 8 340 550 745 1050
12 6 2' 8" 4.52" 1 0 310 520 715 970
1 cwt (long hundredweight) = 50.802 kg
1lb (livre) = 453.6 g
1 oz (once) = 28.346 g
1 yd (yards) = 0.9144 m
Canon-obusier (Howitzer)
howitser du Victory
L'artillerie navale va profondément évoluer à compter de 1823. À cette époque, un français, Henri-Joseph Paixhans invente le concept des «
canons- obusiers ». Il s'agit de canons, destinés à remplacer les caronades, tirant des obus explosifs. Jusqu'alors, les seuls projectiles explosifs sont
tirés par des mortiers, en tirs courbes. Les canons, à trajectoire tendue, tirent des projectiles pleins. L'idée de Paixhans est de faire tirer des
projectiles explosifs en trajectoire tendue.
Son projet est présenté au ministre de la Marine et deux prototypes sont aussitôt commandés aux fonderies d'Indret. Deux séries d'essais ont lieu
en janvier et septembre-octobre 1824, en utilisant comme cible le vieux vaisseau le Pacificateur. Ces essais montrent les effets dévastateurs des
projectiles explosifs contre les navires à coque en bois.
À partir de 1827, on commence à commander des canons « à la Paixhans » et, à compter de 1835, ces canons sont embarqués à raison de quatre
pour les vaisseaux et deux pour les frégates. Toutes les marines vont rapidement adopter ce type de canon qui vont avoir pour conséquence
d'imposer la construction de navires cuirassés.
canon-obusier Paixhans de 1854
Les obusiers dans notre marine au 19e sont les :
•
- Obusier de :
o
22 cm (n° 1 & 2) – ne lancent que des obus de mitraille.
o
15 cm
o
12 cm (n°1 & 2) – nommé obusier de montagne
•
- Canon-obusier de 30 cm
•
- Espingole (classée dans les obusiers)
Obusier de montagne (long-boat howitzer)
Obusier dont l'âme n'a que 12 centimètres de calibre, et qui est destiné à armer les embarcations légères et à servir lors d'un débarquement
comme artillerie de campagne ; dans ce dernier cas, il est monté sur un affût particulier ; il lance des obus et de la mitraille.