Bordeaux Aquitaine Marine
La Société Centrale de Sauvetage des naufragés en 1862
La
Société
centrale
de
sauvetage
des
naufragés,
fondée
au
commencement
de
l'année
1865,
sous
la
haute
protection
de
S.
M.
l'Impératrice,
et
sous
la
présidence
de
S.
Exe,
l'amiral
Rigault
de
Genouilly,
à
été
reconnue
comme
établissement
d'utilité
public
par
un
décret
impérial
en
date
du
17
novembre
de
la
même
année;
elle
a
pour
but
d'établir
sur
les
côtes
de
France
et
des
colonies
françaises,
des
moyens
de
secours
tels
que
bateaux
de
sauvetage,
porte-amarres,
ceintures
et
bouées
de
sauvetage,
caisses
de
médicaments,
etc.,
et
d'étudier
toutes
les
questions
intéressant
la
sécurité
des navigateurs.
Jusqu'ici ses opérations ont compris :
1)
L'établissement
de
stations
et
de
postes
de
sauvetage sur les côtes;
2)
La
propagation
des
moyens
de
sauvetage
pouvant
être utilisés à bord des navires ;
3) L'octroi de récompenses aux sauveteurs
4)
la
publication
de
documents
et
de
travaux
relatifs
aux moyens d'assurer la sécurité de la navigation.
En
trois
années
de
temps,
elle
a
établi
44
stations
de
canots
de
sauvetage,
dont
36
fonctionnent
et
dont
les
huit
autres
seront
en
activité
avant
la
fin
de
l'année;
37
postes
de
porte-
flèches
pour
mousquetons
et
39
postes
de
porte-amarres
à
grande
portée
sont
régulièrement
installés;
303
personnes
ont
été
sauvées
et
69
navires
ont
été
secourus
avec
le
concours
de
la
Société,
qui
se
compose
de
10
bienfaiteurs,
de
2040
fondateurs,
de
23 178 souscripteurs, et dont l'actif réel dépasse 1 million de francs.
Les stations de sauvetage
Les
stations
de
sauvetage
sont
pourvues
d'un
canot
monté
sur
un
chariot
qui
sert
à
le
transporter
et
à
le
lancer
;
le
tout
est
renfermé
dans
une
maison
construite
ad
hoc.
Les
canots
de
la
Société
centrale
ont
été
construits
d'après
le
type
adopté
par
le
national
life
boat
institution,
par
M.
Augustin
Normand,
du
Havre,
et
par
la
Société
nouvelle
des
forges
et
chantiers
de
la
Méditerranée
à
la
Seyne.
Cette
embarcation
est
pointue
aux
deux
extrémités,
un
peu
plus
fine
de
l'arrière
que
de
l'avant,
et
sans
différence
de
tirant
d'eau;
l'arrière
et
l'avant,
fortement
relevés,
sont
protégés
par des tambours en dos d'âne formant deux caisses à air.
Les données principales sont :
•
Longueur de tête en tête : 9m.78
•
Largeur hors bordée au fort : 2m,24
•
Tonture du plat-bord : 0m.70
•
Poids total du canot : 2140 kkg
•
Poids des objets d'armement : 420 kg
•
Poids total : 2560 kg
•
Tirant
d'eau,
avec
les
objets
d'armement
et
douze
hommes d'équipage : 0m.45
•
Avec
une
charge
supplémentaire
de
975
kg,
représentant quinze hommes : 0m.52
La
quille
est
doublée
d'une
fausse
quille
en
fer
forgé
pesant
environ
300
kilogrammes.
La
coque
se
compose
de
deux
couches
en
bois
d'acajou
superposées
et
croisées
à
45°,
elles
ont
ensemble
une
épaisseur
de
16
millimètres
et
sont
séparées
par
une
toile
imprégnée
de
glu
marine
ou
de
peinture.
Il
n'existe pas de membrure intérieure comme dans les constructions ordinaires, mais seulement des varangues au nombre de onze.
Les
deux
couches
formant
la
coque
sont
reliées
par
un
chevillage
en
cuivre.
La
largeur
moyenne
des
bordages
est
de
15
centimètres.
Les
coutures
qui
les
séparent
ne
sont
pas
calfatées,
il
suffit
de
les
garnir
de
coton
retenu
par
un
léger
masticage
et
par
la
peinture.
Le
pont,
fortement
tonturé,
court
de
bout
en
bout;
il
est
perce
de
trois
écoutilles
destinées
à
aérer
la
cale
et
fermées
hermétiquement
par
des
panneaux.
Le
panneau
du
milieu
est
traversé
par
le
corps
dune
pompe
à
main
;
à
l’extérieur,
un
liston
en
chêne
relié
à
un
faux
plat-bord
intérieur
sert
de
point
d'attache
aux
guirlandes
en
corde
qui
entourent
le
canot.
Sous
la
coque,
deux
ventrières
correspondant
à
deux
fortes
carlingues
intérieures
supportent
le
canot
lorsqu'il est sur son chariot.
Vingt-huit
caisses
à
air,
dont
quatorze
sous
le
pont,
douze
sur
le
pont
en
abord
et
deux
tambours
à
Pavant
et
à
l'arrière,
assurent
l'insubmersibilité
de l'embarcation, lors même qu'une avarie dans la coque permettrait à l'eau de s'y introduire.
Les
tambours
de
l'extrémité
sont
recouverts
d'une
toile
imprégnée
de
glu
marine,
et,
par-dessus,
de
plaques
de
liège
que
l'on
imbibe
ensuite
d'huile
de
lin
bouillie.
Les
autres
caisses
en
bois
et
couvertes
en
toile
s'adaptent
aux
formes
de
l'embarcation,
suivant
la
place
qu'elles
occupent.
L'écoulement
de
l'eau
embarquée
s'opère
par
six
puits
verticaux
à
soupapes
automotrices,
disposés
au
centre
du
pont
et
venant
aboutir
en
dessous
de
la
coque.
Le
pont
se
trouvant
à
dix
centimètres
au-dessus
du
niveau
de
la
mer,
l'eau
s'écoule
par
son
propre
poids,
dans
l'espace
de
vingt-deux
secondes. La troisième propriété de cette embarcation consiste à se redresser d'elle-même lorsqu'elle est chavirée la quille en l'air.
Il
est
impossible
de
construire
un
canot
complètement
inchavirable.
Lorsqu'il
s'agit,
par
tous
les
temps,
d'affronter
des
brisants,
de
traverser
des
barres
et
d'accoster
des
navires
en
détresse,
le
coup
d'oeil
du
patron
le
plus
habile
peut
se
trouver
en
défaut
pour
parer
une
lame,
les
forces
de
l'équipage peuvent le trahir au moment où il cherche à écarter-des flancs du bâtiment l'embarcation que la mer précipite dessus.
Si,
en
pareil
cas,
le
canot
chaviré
ne
peut
se
relever
de
lui-même;
l'équipage
naufragé
perd
tout
espoir
de
salut;
les
sauveteurs
eux-mêmes,
bien
que
soutenus par leurs ceintures, sont très-exposés, pour peu que le lieu du sinistre soit éloigné du rivage.
L'opinion
est
à
peu
près
unanime
pour,
considérer
la
propriété
du
redressement
spontané
comme
indispensable
à
un
canot
de
sauvetage.
Cette
propriété
est
obtenue
au
moyen
de
la
fausse
quille
en
fer
et
des
coffres
à
air
de
l'avant
et
de
l’arrière.
On
pourrait
croire
à
première
vue
que
ces
coffres
sont,
par
mauvais
temps,
un
obstacle
à
la
marche
de
l'embarcation;
mais,
en
réalité,
il
n'en,
est
rien,
car,
s'ils
n'existaient
pas,
les
hommes
qu'ils abritent offriraient la même surface au vent.
Lorsque
le
canot
est
chaviré,
il
porte
sur
les
deux
coffres,
dont
la
forme
en
dos
d'âne,
rappelant
celle
d'une
barrique,
est
déjà
une
cause
d'instabilité.
Dans
cette
situation;
le
centre
de
gravité
est,
en
outre,
très-élevé
au-dessus
du
plan
de
flottaison
de
tout
le
système
:
le
canot
se
trouve
donc
en
équilibre
instable,
comme
la
boule
du
bilboquet
placé
sur
un
manche
à
surface
convexe.
Si
aucune
force
n'intervient,
si
aucun
mouvement
ne
se
produit,
le
canot
pourrait
peut-être
rester
un
instant
dans
cette
position;
mais,
dès
qu'une
cause
extérieure
le
dérange
le
moindrement,
ce
qui
ne
saurait manquer d'arriver même par belle mer, l'équilibre est détruit, l'embarcation se retourne vivement et reprend son assiette normale.
Les
accessoires
du
canot
de
sauvetage
ont
autant
d'importance
que
le
canot
lui-même
:
en
les
examinant,
le
marin
reconnaît
que
leur
ensemble
si
complet
ne
peut
être
que
l'oeuvre
du
temps
et
d'une
expérience
constante
à
la
mer;
on
trouvera
plus
loin
la
liste
complète
des
objets
d'armement.
Quelques-uns
d'entre
eux
méritent
d'être
signalés
d'une
manière toute particulière. Nous citerons entre autres :
•
Les
ferrures
du
gouvernail,
disposées
de
manière
que
le
patron puisse le soulever, sans le démonter, au moment du lancement.
•
Des
anneaux
et
des
flotteurs
en
liège,
retenus
par
des
aiguillettes
à
une
ceinture
intérieure.
Les
anneaux
ont
un
double
objet
:
les
nageurs
les
passent
dans
leurs
bras,
afin
de
ne
pas
être
entraînés
loin
du
canot
si
celui-ci
vient
à
chavirer
ou
si
une
lame
les
enlève.
Ils
peuvent,
en
outre,
s'en
servir
pour
remplacer
les
crochets
de
nage
brisés.
Les
flotteurs sont jetés à la traîne autour du Canot.
•
Un
compas
à
liquide,
muni
d'un
fanal
et
placé
dans
un
petit
habitacle,
à
portée
du
patron.
Un
bâton
plombé
attaché
à
une
ligne;
engin
précieux pour établir une communication : un homme exercé peut l'envoyer à une distance d'au moins 50 mètres.
• Un cartahu avec une poulie pour établir un va-et-vient.
• Des bachots.
• Un fanal à verres blanc, rouge et vert, dans un seau.
• Trois grappins.
• Une ancre flottante pour maintenir l'embarcation lorsqu’elle fait vent arrière.
•
16
ceintures
de
sauvetage
(nous
reviendrons
plus
tard
sur
ces
derniers
objets).
La
meilleure
embarcation
de
sauvetage
dépourvue
de
ces objets est à nos yeux incomplète et peut se trouver paralysée dans maintes circonstances.
Chariot.
—
La
qualité
essentielle
du
canot
de
sauvetage
consiste
dans
la
sécurité
qu'il
donne
aux
marins
de
son
équipage
et
aux
naufragés
recueillis
par
lui
Mais
il
importe
également
que
ce
précieux
engin
soit
constamment
tenu
en
état
de
prendre
la
mer
au
premier
signal
d'alarme,
qu'on
puisse
le
transporter
rapidement
à
proximité
du
navire
en
détresse
et
le
lancer
sur
toutes
les
plages,
par
tous
les
temps.
Tel
est
l'objet
multiple
du
chariot,
complément
le
plus
souvent
indispensable
de
tout
canot
de
sauvetage.
Le
type
en
a
été
créé
par
la
Société
anglaise
des
Life-Boats,
mais
la
Société
centrale
française
lui
a
fait
subir
d'assez
notables
modifications
en
ce
qui
concerne
l'avant-train.
Les
brancards
ont
été
tout
d'abord
remplacés
par
un timon, et depuis quelques mois on a substitué avec succès à l'avant-train à deux roues, un avant-train à une seule roue et beaucoup plus léger.
Maison-abri
.
—
Les
canots
de
sauvetage
doivent
être,
leur
mode
de
construction
l'exige,
préservés
avec
soin,
soit
d'une
humidité
prolongée,
soit
d'une
trop
grande
sécheresse.
Les
voiles,
les
cordages,
les
objets
d'armement
réclament
des
précautions
analogues.
Aussi,
dans
toutes
les
stations
de
sauvetage,
des
maisons-abris
sont
elles
construites
sur
le
rivage,
en
vue
de
renfermer
le
canot
et
les
accessoires
qui
en
dépendent
;
le
matériel
toujours
disposé
et
entretenu
se
trouve,
de
la
sorte,
aussi
à
portée
que
possible
de
l'endroit
de
la
côte
le
plus
favorable
au
lancement
de
l'embarcation par tous les temps.
La
Société
a
exposé
un
modèle
de
ces
maisons
contenant
une
réduction
du
canot
de
sauvetage
posé
sur
son
chariot.
Nous
appelons
l'attention
des
visiteurs
sur
la
disposition
très-ingénieuse
des
postes
et
sur
l'aménagement
de
ces
abris
qui,
se
trouvant
placés
dans
des
endroits
incessamment
battus
par
les,
vents,
ont
dû
être
construits
d'une
façon
toute
spéciale.
Le
prix
du
canot
est
de
8000
francs
;
celui
du
chariot
de
2000
et
celui
de
la
maison
d'environ
7000,
ce
qui
fait
un
total
de
17
000
francs
par
station
de
sauvetage.
Les
canots
sont
armés
par
douze
marins
;
dans
chaque
station
il
est
formé
un
double
équipage
comprenant
vingt-quatre
hommes
qui
reçoivent
une
indemnité
de
2
fr.
50
par
exercice,
de
3
fr.
par
campagne de sauvetage de jour, et de 5 fr. par campagne de sauvetage de nuit; le patron seul reçoit une solde fixe de 200 fr.
Des
indemnités
supplémentaires
sont
accordées
suivant
les
circonstances
et
en
raison,
des
pertes
subies
par
les
hommes,
car
en
accordant
les
allocations
pécuniaires
que
nous
venons
de
mentionner,
la
Société
n’a
d'autre
but
que
d'indemniser
les
sauveteurs
pour
le
temps
qu'elle
leur
prend
et
pour
les
dommages
qu'ils
éprouvent.
On
ne
saurait
payer
de
semblables
dévouements,
aussi
la
Société
centrale
a-t-elle
créée
différentes
catégories
de
récompenses
honorifiques
qu'elle
distribue
aux
sauveteurs;
de
plus,
elle
appelle
l'attention
du
Souverain
sur
les
plus
méritants,
et
cet
appel n'est jamais infructueux. Chaque station est placée sous la direction d'un comité honoraire, composé de cinq membres.
Porte-amarres.
—
Lors
de
la
constitution
de
la
Société
centrale,
en
1865,
le
comité
d'administration
de
cette
Société,
obligé
de
pourvoir
à
la
création
d'un
nombre
considérable
de
postes
de
porte-amarres,
avec
les
ressources
nécessairement
limitées
qu'il
devait
à
la
bienfaisance
publique,
avait
résolu
de
chercher,
avant
de
rien
entreprendre,
un
système
moins
délicat
et
moins
dispendieux
que
les
fusées
employées
en
Angleterre,
en
Allemagne
et
en
Hollande.
Ces
recherches,
confiées
à
M.
Delvigne,
devaient
être
assez
longues
.
On
s'occupa
donc
de
mettre,
en
attendant,
les
agents
des
douanes
sur
le
littoral
en
mesure
d'utiliser
les
mousquetons
dont
ils
sont
armés
pour
secourir
les
bâtiments
naufragés
à
petite distance du rivage. L'idée n'était pas nouvelle.
Un
inspecteur
des
douanes,
M.
Vildieu,
l'avait
reproduite
dans
un
récent
mémoire
que
le
comité
avait
alors
sous
les
yeux.
C'est
afin
de
satisfaire
à
cette
demande
que
M.
Delvigne
imagina
la
flèche
pour
mousqueton.
Toute
l'invention
consiste
dans
le
mode
d'attacher
la
ligne
à
la
flèche.
La
flèche
en
bois,
de
90
centimètres
de
longueur,
est
munie
à
ses
extrémités
de
douilles
en
cuivre,
son
poids
total
est
de
180
grammes.
Un
coulant
en
corde
facile
à
resserrer
glisse
à
frottement tout le long de la flèche.
Par
dessus
le
coulant
on
place
une
bague
munie
de
deux
boucles
auxquelles
est
attachée
la
ligne.
Pour
tirer,
on
met
dans
le
mousqueton
une
charge
de
2
grammes
1/2
à
3
grammes
de
poudre,
puis
un
culot
de
carton
embouti
ou
une
bourre,
et
par-dessus,
la
flèche
dont
le
coulant
et
l'attache
ont
été
placés
de
manière
à
toucher
la
douille
antérieure.
Lorsque
la
flèche
part,
le
glissement
du
coulant
suffit
pour
vaincre
l'inertie
de
la
ligne
et
éviter
sa
rupture.
Le
coulant
vient
butter
contre
le
ressort
de
la
douille
antérieure
;
et
la
flèche,
filant
sans
osciller
et
sans
basculer,
entraîne la ligne à 60, 70, 80 mètres suivant la force du vent.
Cet
engin,
d'une
remarquable
simplicité,
fut
mis
en
service
à
la
fin
de
l'année
1865.
Des
caisses
renfermant
un
certain
nombre
de
flèches
avec
les
accessoires
nécessaires
sont
confiées
aux
agents
des
douanes
qui
font
de
fréquents
exercices
et
sont
devenus
déjà
sur
un
certain
nombre
de
points
très-adroits dans ce genre de tir.
Ce
premier
succès
devait
conduire
tout
naturellement
à
la
solution
du
problème
des
porte-amarres
à
grande
portée.
Il
n'y
avait
pas
de
raison
en
effet pour qu'une flèche de plusieurs kilogrammes ne se comportât pas aussi bien qu'une flèche de 200 grammes.
L'année
1866
fut
consacrée
tout
entière
à
cette
étude.
Des
expériences
eurent
lieu
successivement
à
Toulon,
à
bord
du
vaisseau-école
des
canonniers,
à
Vincennes,
au
camp
de
Châlons.
Chacun
de
ces
essais
marquait
un
progrès
et
rapprochait
de
la
solution
définitive.
Dans
son
rapport,
la
commission
du
camp
de
Châlons
déclara
le
système
entièrement
satisfaisant
et
applicable
immédiatement.
Mais
il
restait
à
faire
fabriquer
des
canons en acier et à leur faire subir des épreuves.
M.
Delvigne
se
souvint
alors
qu'il
existait
dans
les
arsenaux
de
la
marine
des
petites
pièces
en
bronze,
pierriers
et
espingoles,
que
les
progrès
de
l'artillerie
avaient
fait
mettre
hors
d'usage.
Des
expériences
avec
ces
pièces
furent
faites
à
Cherbourg,
et
démontrèrent
le
parti
que
l'on
pouvait
tirer
de
leur
emploi.
Le
pierrier
pesant
80
kilogrammes,
avec
une
charge
de
150
grammes
de
poudre,
lance
une
flèche
en
fer
de
5
kilos.
à
une
distance
de
315
à
340
mètres.
Avec
50
grammes
de
poudre,
la
même
bouche
à
feu
lance
une
flèche
en
bois
du
poids
de
2
kilo.
à
200
mètres.
Ce
résultat est obtenu dans les mêmes conditions avec l'espingole du poids de 20 kilo.
Le
comité
de
la
Société
centrale
voulut
témoigner
sa
reconnaissance
à
M.
Delvigne
en
lui
décernant
une
médaille
d'honneur
en
or,
et
des
mesures
furent
prises
immédiatement
pour
la
mise
en
service
de
ce
matériel
qui
devait
être
complété
par
un
certain
nombre
d'accessoires
et
des
appareils
va-et-vient.
Avant
de
donner
la
nomenclature
des
accessoires,
nous
dirons
un
mot
des
appareils
va-et-vient
dont
toutes
les
organisations
de
sauvetage ont emprunté les détails à l'Angleterre.
Appareils
va-et-vient.
-
Lorsqu'une
première
communication
à
été
établie
avec
un
navire
naufragé,
au
moyen
de
la
flèche
porte-amarre
et
de
la
ligne qu'elle entraîné, il reste, pour établir le va-et-vient, à effectuer quatre opérations :
1°
Au
moyen
de
la
ligne,
l'équipage
naufragé
amène
le
hâle-à-bord,
et
avec
le
hâle-à-bord
le
cartahu
double
sans
fin
qui
est
amarré
dessus
à
terre.
2° La poulie de ce cartahu est amarrée dans, la mâture, ou, si la mâture est tombée, dans la partie la plus élevée du navire.
3°
Les
riverains
se
servent
de
ce
cartahu
pour
envoyer
à
bord
le
bout
d'une
aussière,
que
l'équipage
amarre
à
50
centimètres
au-dessus,
de
la
poulie du cartahu.
4°
Au
moyen
de
l'aussière
roidie
à
terre
et
du
cartahu
sans
fin,
les
riverains
font
passer
à
bord
une
bouée
circulaire,
garnie
de
culottes
-en-
toile,
destinée à recevoir les naufragés un à un et à les porter sur le rivage.
5°
Lorsque
la
côté
est
très-plate
et
le
navire
échoué
à
grande
distance,
l'aussière
ne
pouvant
plus
être
employée
utilement,
on
amarre,
directement,
la
bouée
sur
le
cartahu
double
et
les
naufragés
sont
amenés
flottants.
On
agit
de
la
même
manière
lorsque
la
situation
du
navire-
naufragé ne laisse pas le temps d'établir l'aussière.
Dans
chaque
poste
les
appareils
sont
arrimés
sur
un
chariot
et
remisés
dans
un
chalet-abri
en
bois
recouvert
de
papier
goudronné;
un
pierrier
porte-amarre avec ses accessoires et son va-et-vient revient à 1780 francs, savoir :
La bouche à feu est fournie gratuitement par la marine.
•
Accessoires 200 fr.
•
Appareil va-et- vient complet 680 fr.
•
Chariot 300 fr.
•
Chalet-abri 600 fr.
•
Total : 1780 fr.
L'appareil
anglais
à
fusée
coûte
2700
fr.
Si
l'on
y
ajoute
la
valeur
du
chariot
à
ressort
et
de
l'abri
en
maçonnerie
nécessaire
pour
la
conservation
des
fusées,
on
arrive
à
un
prix
de
4500
francs.
En
outre,
les
exercices
des
pierriers
ne
coûtent
absolument
rien,
car
la
poudre
à
canon
est
la
seule
consommation
qu'ils
occasionnent,
et
le
ministère
de
la
marine
la
fournit
gratuitement
pour
cet
objet.
Avec
des
fusées,
au
contraire,
chaque
exercice revient à une centaine de francs.
Toutes
ces
considérations
démontrent
d'une
manière
incontestable
l'économie
considérable
que
permet
de
réaliser
l'emploi
des
porte-amarres
Delvigne,
eu
égard
au
matériel
existant
en
France,
et
que
cet
inventeur
a
trouvé
le
moyen
d'utiliser.
Or
lorsqu'on
ne
dispose
pas,
comme
l'État,
d'un budget en quelque sorte indéfini, économie est synonyme de développement.
Ceintures
de
sauvetage.
-
Les
ceintures
de
sauvetage
employées
par
la
Société
centrale
sont
dues
à
l'invention
du
capitaine
Ward,
inspecteur
-de
la
Société
anglaise
des
life-boats.;
elles
se
composent
de
plaques
de
liège
cousues
sur
une
bande
de
toile
serrée
à
la
ceinture
et
maintenue
par
deux
bretelles.
Le
grand
modèle
pouvant
supporter
deux
hommes
est
destiné
aux
sauveteurs.
Il
y
a
16
ceintures
dans
chaque
station
de
canot
et
2
dans
chaque
poste
de
porte-amarre;
personne
ne
peut
embarquer
dans
un
canot
de
sauvetage,
même
pour
un
exercice,
sans
être
revêtu
d'une
de ces ceintures, qui ne coûtent que 12 fr. 50. La ceinture du petit modèle supporte facilement un homme et ne coûte que 6 fr. 50.
La
Société
centrale
s'efforce
d'en
propager
l'emploi
à
bord
des
navires
et
des
bateaux
de
pêche
en
les
cédant
au
prix
de
revient.
Ces
petites
ceintures
constituant
en
réalité
l'engin
de
sauvetage
le
plus
efficace,
la
plupart
des
pertes
d'hommes
résultant
des
accidents
de
mer
seraient
évitées
si
les
marins
étaient
mun
is
de
ces
ceintures
et
si
des
manoeuvres
très-souvent
répétées
les
familiarisaient
avec
cet
instrument
éminemment utile.
extrait de l'article de L. VAN GUTSEM paru dans "l'Exposition Maritime Internationale du Havre", n°2, 1862