Bordeaux Aquitaine Marine
La lettre de marque
Les
corsaires
sont
des
aventuriers
c'est-à-dire
des
hommes
pour
lesquels
l'aventure
est
à
la
fois
leur
passion
et
leur
raison
de
vivre.
Mais
ils
ne
la
conçoivent
pas
comme
un
pur
et
simple
brigandage.
On
peut
les
comparer
aux
mercenaires
qui
louaient
leur
épée
au
plus
offrant.
Ainsi
arriva-t-il
à
maint
corsaire,
de
passer
du
service
d'un
prince
à
celui
de
son
ennemi
mortel
et
cela
le
plus
régulièrement
du
monde.
Un
corsaire
n'est
pas
toujours
propriétaire
de
son
bateau
;
parfois
il
l'a
seulement
affrété,
c'est-à-dire
"loué"
à
un
armateur,
qui
touchera
une
part
de
prise,
les
parts
étant
calculées
proportionnellement
aux
capitaux
engagés
dans
l'affaire.
Des
souverains
même
pouvaient
recevoir
une
part
importante
du
butin
:
ainsi
la
reine
d'Angleterre
Elisabeth
1ère,
prêta
ses
navires
de
guerre
au
célèbre
Francis
Drake
et
toucha
à
son
retour
ce
qui lui revenait de lingots d'or ou de balles de soie.
Le
corsaire
est
toujours
un
combattant
régulier,
officiellement
mandaté
par
un
ordre
de
mission
qui
porte
le
nom
de
"lettre
de
marque".
S'il
est
pris
par
l'ennemi,
ce
document
lui
assurera
le
sort
d'un
prisonnier
de
guerre.
Il
arrive
que
le
corsaire
soit
échangé
ou
racheté
;
plus
souvent,
qu'il
ne
s'évade.
En
revanche,
le
corsaire
est
tenu
par
sa
lettre
de
marque,
de
n'attaquer
exclusivement
que
les
ennemis
de
son
souverain,
respectant
"généralement"
les
neutres
et
toujours
ses
propres
concitoyens.
S'il
manque
à
cette
règle
absolue,
et
qu'il
continue
son
activité,
alors
il
sera
traité
en
pirate
et
son
corps
ira
se
balancer,
lui
aussi,
au
bout
d'une
corde,
ce
qui
est
parfois
injuste,
le
corsaire
en
mer
ayant
pu
ne
pas être informé de la paix survenue quelques jours auparavant.
Céline Cornille
1. EXEMPLE D'UNE LETTRE DE MARQUE EN 1695
« Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouze, admiral de France, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, Salut,.
Le
Roy
ayant
déclaré
la
guerre
au
Roy
Catholique,
aux
fauteurs
de
l'usurpateur
des
couronnes
d'Angleterre
et
d'Ecosse,
et
aux
Etats
des
Provinces
unies,
pour
les
raisons
contenues
dans
les
déclarations
que
sa
Majesté
a
fait
publier
dans
toute
l'étendue
de
son
royaume,
païs,
terres
et
fiefs
de
son
obéissance,
et
Sa
Majesté
nous
ayant
commandé
de
tenir
la
main
à
l'observation
desdites
déclarations,
en
ce
qui
dépend
du
pouvoir
et
autorité
qu'il
a
plu
à
Sa
Majesté
attribuer
à
notre
charge,
avons,
suivant
les
ordres
exprès
de
Sadite
Majesté,
donné
congé,
pouvoir
et
permission
au
Sieur
Pieter
Segaerdt,
demeurant
à
Dunkerque,
de
faire
armer
et
équiper
en
guerre
un
navire
nommé
L'Obéissance",
du
port
de
Dunkerque,
avec
tel
nombre
d'hommes,
canons,
boulets,
poudres,
plombs
et
autres
munitions
de
guerre
et
vivres
qui
y
sont
nécessaire
pour
le
mettre
en
mer
en
état
de
naviguer
et
courir
sus
aux
pirates,
corsaires
et
gens
sans
aveu,
même
aux
sujets
du
Roy
Catholique,
des
Etats
des
Provinces
Unies,
aux
facteurs
de
l'usurpateur
des
couronnes
d'Angleterre
et
d'Ecosse,
et
autres
ennemis
de
l'Etat,
en
quelques
lieux
qu'il
pourra
les
rencontrer,
soit
aux
côtes
de
leurs
païs,
dans
leurs
ports
ou
sur
leurs
rivières,
même
sur
terre
aux
endroits
où
ledit
capitaine
Segaerdt
jugera
à
propos
de
faire
des
descentes
pour
nuire
auxdits
ennemis,
et
y
exercer
toutes
les
voyes
et
actes
permis
et
usitez
par
les
lois
de
la
guerre,
les
prendre
et
amener
prisonniers
avec
leurs
navires,
armes
et
autres
choses
dont
ils
seront
saisis,
à
la
charge
par
ledit
Segaerdt
de
garder
et
faire
garder
par
ceux
de
son
équipage
les
ordonnances
de
la
Marine,
porter
pendant
son
voyage
le
pavillon
et
enseigne
des
armes
du
Roy
et
les
nôtres,
faire
enregistrer
le
présent
congé
au
greffe
de
l'Amirauté
le
plus
proche
du
lieu
où
il
fera
son
armement,
y
mettre
un
rolle
signé
et
certifié
de
luy,
contenant
les
noms
et
surnoms,
la
naissance
et
demeure
des
hommes
de
son
équipage,
faire
son
retour
audit
lieu
ou
autre
port
de
France
dépendant
de
notre
juridiction,
y
faire
son
rapport,
par-devant
les
officiers
de
l'Amirauté
et
non
d'autres,
de
ce
qui
se
sera
passé
durant
son
voyage,
nous
en
donner
avis
et
envoyer
au
secrétaire
général
de
la
Marine
sondit
rapport
avec les pièces justificatives d'iceluy pour être sur le tout ordonné au Conseil de ce que de raison.
Prions
et
requérons
tous
Rois,
Princes,
potentats,
seigneuries,
Estats,
Républiques,
amis
et
alliez
de
cette
couronne
et
tous
autres
qu'il
appartiendra,
de
donner
audit
Segaerdt
toute
faveur,
aide,
assistance
et
retraite
en
leurs
ports
avec
sondit
vaisseau
et
tout
ce
qu'il
aura
pu
conquérir
pendant
son
voyage,
sans
luy
donner
nu
souffrir
qu'il
luy
soit
fait
ou
donné
aucun
trouble
ny
empêchement,
offrant
de
faire
le
semblable
lorsque
nous
en
serons
par
eux
requis.
Mandons
et
ordonnons
à
tous
officiers
de
Marine
et
autres
sur
lesquels
notre
pouvoir
s'étend,
de
le
laisser
seurement
et
librement
passer
avec
sondit
vaisseau,
armes
et
équipages
et
les
prises
qu'il
aura
pu
faire,
sans
luy
donner
ny
souffrir
qu'il
luy
soit
fait
ou
donné
aucun
trouble
ny
empêchement,
mais
au
contraire
luy
donner
tout
le
secours
et
assistance
dont
il
aura
besoin,
ces
présentes
non
valables
après
un
an
du
jour
de
ladite
d'icelles,
en
témoins
de
quoy
nous
les
avons
signées
et
icelles
fait
contresigner et sceller du sceau de nos armes par le secrétaire général de la Marine à Versailles, le premier jour du mois de fébvrier 1695.
Signé : L.A.L de Bourbon, Cte de Toulouze, admiral de France, et sur le reply : par Monseigneur de Valincourt, et scellé. »
le navire-corsaire la Marie-Anne de Dieppe en 1745
(12 canons et 10 perriers)
2. EXEMPLE D'UNE LETTRE DE MARQUE EN 1795
Lettre de marque pour armer en course
«
Le
Directoire
Exécutif
permet
à
...............
de
faire
armer
et
équiper
en
guerre
un
..............
nommé
le............du
port
de
..................
tonneaux,
avec
tel
nombre
de
canons,
boulets,
et
quantité
de
poudre,
plomb
et
autres
minitions
de
guerre
et
vivres
qu'il
jugera
nécessaire
pour
les
mettre
en
état
de
courir
sus
tous
les
ennemis
de
la
République
et
sur
les
pirates,
forbans,
gens
sans
crédit,
en
quelque
lieu
qu'il
pourra
les
rencontrer,
de
prendre
et
amarer
prisonniers
avec
leurs
navires,
armes
et
autres
objets
dont
ils
se
seraient
saisis;
à
la
charge
pour
.................
de
se
conformer
aux
ordonnances
et
lois
concernant
la
Marine,
et
nottament
aux
lois
du
31
janvier
1793
(V.
St)
et
23
Thermidor
an
III,
concernant
le
nombre
d'hommes
devant
former
son
équipage;
de
faire
enregistrer
la
présente
lettre
au
bureu
de
l'inscription
maritime
du
lieu
de
son
départ;
d'y
déposer
un
rôle
signé
et
certifie
d'............et
du
Capitaine,
contenant
les
noms
et
surnoms,
âge,
lieux
de
naissances
et
domicile
des
gens
de
son
équipage;
à
la
charge
pour
le
dit
Capitaine
de
faire
à
son
retour
ou
en
cas
de
relâche,
un
rapport
par
devant
l'Administrateur de la Marine.
Le
Directoire
Exécutif
invite
toutes
les
puissances
amies
et
alliées
de
la
République
Française,
et
leurs
agents,
à
donner
au
dit
Capitaine
toute
assistance,
passage
et
retraite
en
leurs
ports,
avec
son
dit
bâtiment
et
les
prises
qu'il
aura
pu
faire,
offrant
d'en
user
de
même
en
pareille
circonstance.
Ordonne
aux
Commandants
de
vaisseaux
de
l'Etat,
de
laisser
passer
le
dit
...........
avec
son
bâtiment
et
ceux
qu'il
aura
pu
prendre
sur
l'ennemi, et lui donner secours et assistance.
Ne pourra, la présente servir que ....mois seulement, à compter de la date de son enregistrement.
En foi de quoi, le Directoire Excécutif a fait signer la présente Lettre de Marque par le Ministre de la Marine et des Colonies.
Donné à Paris le ......L'An.........de la République Française
Pour le Ministre de la Marine et des Colonies