Bordeaux Aquitaine Marine
L’escadre des Indes en 1758
EXTRAIT du Journal de l’escadre des Indes , commandée par le Comte Daché, Chef d’Escadre des Armées Navales.
«
Le
27
Janvier
1758,
l'Escadre
commandée
par
le
Comte
Daché,
partit
de
l'Isle
de
France
pour
se
rendre
dans
l'Inde.
Elle
était alors composée d'un Vaisseau du Roi, de huit Vaisseaux de la Compagnie des Indes, de deux Frégates :
-
le Zodiaque de 74 canons , le Comte Daché, Chef d'Escadre ;
-
le Comte de Provence de 58 , Capitaine de la Chaise ;
-
le Bien-Âimé de 58, C. Bouvet ;
-
le Vengeur de 54, C. de Palliere ;
-
le Duc d'Orléans de 50 , Surville cadet;
-
le Duc de Bourgogne de 50, C. D’après ;
-
le Saint Louis de 50 , C. Joannis ;
-
le Condé de 50, C. Rosbeau;
-
le Moras de 50, C. Becdelievre ;
-
la Sylphide de 30 , C. Mahis ;
-
la Diligente de z6 , C. Marion.
Le
28
Avril
cette
Escadre
parut
à
la
Côte
de
Coromandel
devant
la
Ville
de
Goudelour
(NDLR
:
Gondelour)
,
&
le
Fort
Saint-
David,
à
quatre
lieues
de
Pondichéry.
Deux
Frégates
Anglaises,
qui
y
étaient
à
l'ancre,
se
jetèrent
à
la
Côte
&
s'y
brûlèrent.
On
a
su
depuis
que
ces
deux
Frégates
étaient
le
Bridgwater
&
le
Triton,
chacune
de
20
canons.
Quoique
l'Escadre
eût
besoin
de
rafraîchissements
&
d'eau,
il
fut
résolu
de
profiter
de
la
consternation
que
son
arrivée
devant
Goudelour
mettait
dans
la
Ville
pour
la
bloquer
par
mer,
tandis
que
le
sieur
de
Lally,
qui
passerait
à
Pondichéry,
y
prendrait
des
Troupes
pour
venir
l'investir
par
terre
;
&
en
conséquence
le
Vaisseau
le
Comte
de
Provence
avec
la
Frégate
la
Diligente
furent
détachés
à
Pondichéry
avec
le sieur de Lally.
Le
lendemain
25,
la
Frégate
la
Sylphide,
qui
faisait
la
découverte,
fit
signal
d'une
Escadre
de
neuf
Vaisseaux,
Le
Comte
Daché
fit
mettre
tout
de
suite
l’Escadre
en
ligne
;
&
après
plusieurs
manœuvres
des
deux
Escadres,
le
combat
fut
engagé
à
deux
heures
après-midi,
il
fut
très-vif
de
part
et
d'autre
jusqu'à
la
nuit,
sans
que
le
Vaisseau
le
Comte
de
Provence
et
la
Frégate
la
Diligente,
qui
arrivèrent
alors
de
Pondichéry,
aient
pu
être
d'aucun
renfort.
On
s'attendait
le
lendemain
à
un
fécond
combat
;
mais
l’Escadre
Anglaise
maltraitée
s'était
retirée
vers
Madras
pour
s'y
réparer.
Cette
Escadre,
suivant
la
liste
qui
en
a
été donnée à Pondichéry , était composée des Vaisseaux ci-après :
maquette du Yarmouth
-
le Yarmouth de 70 canons, Pocock,. Vice-Amiral ;
-
l'Elizabeth de 70, Stevens, Contre-Amiral ;
-
le Cumberland de 70, Capitaine Martin ;
-
le Newcastle de 70, C. Lord Colvis ;
-
le Weymouth de 60, C. Sommerset ;
-
le Tigre de 60, C Berethon :
-
le Salisbury de 60 , C. Lathon ;
-
le Protecteur de 44 , C. Christan ;
-
le Queensboroug de20 ,.C. Dent.
L’Escadre
Françoise
se
trouva
le
30
Avril
devant
Alemparvé,
à
sept
lieues
de
Pondichéry.
Le
Vaisseau
le
Bien-Aimé,
dont
le
câble
se
rompit
dans
la
nuit,
fut
obligé
de
faire
côte
&
se
perdit
;
mais
tout
l'Equipage
fut
sauvé.
Le
7
Mai
l’Escadre
arriva
à
Pondichéry
et
y
débarqua
les
Troupes,
les
munitions,
de
guerre
&
l'argent
dont
elle
était
chargée.
Le
1
Juin
on
découvrit
de
Pondichéry
l’Escadre
Anglaise
,
qui
après
s'être
réparée
à
Madras,
venait
au
secours
du
Fort
Saint-David
,
dont
le
Siège
continuait.
Le
Comte
Daché
mit
sous
voile
sur
le
champ
avec
la
sienne,
mais
les
Anglais
ne
cherchant
point
à
rengager
le
combat, se retirèrent de nouveau à la Côte de Madras.
Cependant
l’Escadre
du
sieur
Daché
se
rendit
le
lendemain
2
Juin
devant
Goudelour
et
le
Fort
Saint
David,
qui
n'étant
point secouru par l’Escadre Anglaise, fut réduit à capituler.
L’Escadre parut le 4 Juin devant Divicottey dont le Fort se rendit sans faire de résistance.
Du
9
au
17
Juin
que
l’Escadre
revint
à
Pondichery,
elle
a
croisé
sur
l'Isle
de
Ceylan
et
devant
Negapatnam
et
Karical.
Elle
s'est
emparée
dans
la
croisière
d'un
Brigantin
Anglais
nommé
l'Experiment,
Capitaine
Witeway,
qui
fut
tout
de
suite
envoyé
à
Pondichéry.
Du
17
Juin
au
27
Juillet,
l’Escadre
est
restée
devant
Pondichéry
à
se
réparer
&
se
pourvoir
de
vivres
;
mais
l’Escadre
Anglaise
ayant
paru,
le
Comte
Daché
se
mit
sous
voile,
ayant
avec
lui
le
même
nombre
de
Vaisseaux
que
dans
son
premier
combat,
si
ce
n'est
qu'au
lieu
du
Vaisseau
le
Bien-Aimé
qui
avait
péri,
et
de
la
Frégate
la
Sylphide
qui
était
désarmée,
il
avait
pris
le
Vaisseau
Ie
Comte
de
Provence
&
la
Frégate
la
Diligente.
Le
sieur
Bouvet,
Capitaine
du
Vaisseau
le
Bien-Aimé
avait
passé
au
commandement
du
Duc
de
Bourgogne,
à
la
place
du
sieur
Daprès,
qui
s'était
débarqué,
&
le
sieur
Langerie
commandait
le
Saint
Louis
,
au
lieu
du
Sieur
Joannis
resté malade à terre.
Les
deux
Escadres
tantôt
en
présence,
tantôt
séparément,
ont
fait
diverses
manœuvres
devant
Negapatnam,
Portenove
et
Karical,
du
27
Juillet.au
3
Août.
Ce
jour-là,
le
combat
s'est
engagé
avec
la
plus
grande
vivacité
à
une
heure
après-midi,
&
a
duré
de
la
même
force
pendant
plus
de
deux
heures.
L’Escadre
Anglaise
était
très-mal
traitée
;
et
le
Comte
Daché
aurait
eu
tout
l'avantage
dans
ce
second
combat,
sans
les
accidents
qui
survinrent
sur
son
Vaisseau
et
sur
le
Comte
de
Provence,
par
des
artifices
que
les
Anglais
y
jetèrent
contre
toutes
les
régies
&
usages
de
la
guerre.
Le
Vaisseau
le
Comte
de
Provence
en
fut
le
premier
maltraité
;
le
feu
prit
à
toutes
ses
voiles
&
au
mât
d'artimon
:
ii
gagnait
la
dunette
&
aurait
consumé
le
Vaisseau,
si
par
une
manœuvre
hardie
du
sieur
Bouvet,
commandant
le
Duc
de
Bourgogne,
celui-ci
ne
fut
venu
se
placer
entre
le
Comte
de
Provence
&
le
Vaisseau
Anglais,
qui
après
lui
avoir
jeté
ses
artifices
continuait
de
lui
tirer
ses
bordées.
Ce
n’est
qu'avec
des
peines
infinies
que
le
sieur
la
Chaise
a
pu
parvenir à éteindre le feu des artifices.
Il
en
a
été
de
même
sur
le
Zodiaque,
avec
cette
différence
que
les
artifices
des
Anglais
ayant
gagné
la
soute
aux
Poudres,
le
Vaisseau
a
été
sur
le
point
de
sauter
en
l'air.
Les
soins
des
Officiers,
et
ceux
du
sieur
Guillemain,
Ecrivain,
ont
sauvé
le
Vaisseau
du
danger
où
il
était
;
mais
après
ces
accidents,
l'Escadre
a
été
forcée
de
faire
retraite,
le
Zodiaque
formant
l'arrière-
garde
;
&
l’Escadre
étant
venue
mouiller
le
4
devant
Pondichéry,
s'y
est
embossée
en
ligne,
sans
que
les
Anglais
soient
venus
l'attaquer de nouveau ».